Rythmée par des estuaires échancrés, la côte picarde médiévale offrait de vastes étendues sableuses propices à la capture de poissons marins, migrateurs et ubiquistes ou à l'échouage de mammifères marins. Cet espace incertain, situé entre terre et mer, constituait alors des zones d'approvisionnement en nourriture suffisamment riches pour que les seigneurs laïcs accordent des donations en milliers de harengs frais à plusieurs communautés religieuses du nord du royaume tout en revendiquant les captures d'espèces royales comme l'esturgeon, le saumon ou le marsouin.
La restitution de l'exploitation des animaux marins dans leur environnement médiéval peut ainsi être appréhendée et étudiée à partir des sources archéologiques ou documentaires. Elle offre alors une vision satisfaisante mais non exhaustive qu'il convient ensuite d'associer et de confronter aux autres apports : mettre les textes face en face des tableaux faunistiques et inversement. Avec cette confrontation des deux types de sources pour une même période, elle fournit alors deux visions d'une même réalité historique, parfois en faveur des vestiges osseux, avec des spectres faunistiques très larges, des traces de préparation ou une identification des saisons de capture, parfois en faveur des textes, avec des mentions d'espèces non osseuses comme les lamproies, des indications de quantités capturées ou de pratiques frauduleuses.
Ainsi, cette restitution de l'exploitation des animaux marins, issue de la confrontation des deux types de sources, archéologiques et documentaires, contribue à la connaissance d'un éventail ichtyologique particulièrement riche, témoin indiscutable d'une mer nourricière. En revanche, elle demeure muette pour l'avifaune estuarienne et marine. Plus ponctuellement, elle permet de suivre l'évolution les quantités de poissons capturés au fil des siècles et enfin de localiser les lieux de consommation, parfois très éloignés à l'intérieur des terres.
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