Imaginer, connaître, exploiter, de l'Antiquité à 1600
30 mai-3 juin 2017 Cerisy-la-Salle (France)
Pieuvres, seiches, calmars, des mythes à la réalité
Ludovic Dickel  1@  
1 : Ethos. Ethologie animale et humaine  (Ethos)  -  Site web
Université de Caen Basse-Normandie, CNRS : UMR6552, Université de Rennes I
263 av. du Général Leclerc, Bâtiment 25 - 35042 RENNES Cédex -  France

Les pieuvres, les calmars et les seiches sont des Mollusques qui forment la grande famille des Céphalopodes. Les 700 espèces répertoriées peuplent toutes les mers du globe, de la surface aux fosses abyssales, des massifs coralliens tropicaux aux eaux polaires. Ces animaux fascinent l'observateur depuis l'Antiquité, ils ont fait et font encore l'objet de riches représentations artistiques dans de nombreuses civilisations. L'œil de la pieuvre, son bec effrayant et ses tentacules ont toujours nourri l'imaginaire des humains. Ce sont les premiers rapports d'observations de calmar de grande taille en Mauritanie au XIVe siècle, et surtout sur les grands bancs de terre neuve, en Irlande, en Norvège au XIXe siècle qui ont inspiré les représentations monstrueuses de ces animaux. Le Kraken scandinave est d'ailleurs souvent représenté sous la forme d'une pieuvre aux yeux et aux bras gigantesques. Victor Hugo en 1883 dans Les travailleurs de la mer et Jules Verne en 1869 dans 20.000 lieux sous les mers en font des tueurs. Il est intéressant de noter qu'à l'image de la représentation qu'en fait Jules Verne, le Céphalopode monstrueux est souvent un être chimérique construit à la fois sur les représentations des calmars gigantesques décapodes observés dans le Nord de l'Europe et de la petite pieuvre (octopode) commune de méditerranéenne.

Par leur diversité, leurs particularités (ventouses, poche à encre, système de propulsion et de nage...), leurs remarquables convergences morpho-anatomiques avec les vertébrés (yeux, système d'équilibration...) et leur longue histoire évolutive, ces Mollusques ont été l'objet d'innombrables études et descriptions par les naturalistes et les paléontologues. Dans l'encyclopédie de P.P. Grasset, Le traité de zoologie, un tome entier leur a d'ailleurs été consacré. Depuis la moitié du siècle dernier, la communauté scientifique s'intéresse à leur cerveau, à leurs capacités d'apprentissage et de mémoire. Avec l'avènement de l'éthologie et du courant cognitif dans les années 70, l'on s'intéresse maintenant à leurs étonnantes facultés d'intégration d'informations, d'innovation, d'apprentissages sociaux et même de conscience. Les données récentes ont d'ailleurs poussé récemment le législateur européen à les considérer comme le seul Invertébré « sensible » (Directive 2010/63/EU sur le bien-être des animaux en expérimentation). Curieusement, l'image d'Épinal de la pieuvre tueuse est cependant encore largement ancrée dans le public. Cette communication vise à développer le point de vue du biologiste et de l'éthologue sur cette perception ambigüe de ces animaux fascinants.



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