Dans cette communication, nous souhaitons nous pencher sur les zones géographiques mentionnées dans le catalogue des poissons et animaux marins présenté par Thomas de Cantimpré dans son Liber de natura rerum (achevé entre 1237 et 1240). À première vue, le compilateur dominicain donne peu d'indications sur l'habitat des espèces et, lorsque c'est le cas, il s'agit le plus souvent des contrées lointaines de l'Orient, de l'Inde, de la région du Nil ou encore de la Sicile et du nord de l'Italie. Cependant, un sondage plus systématique montre que les côtes du nord de la France et de l'Angleterre sont aussi abordées, bien que les auteurs habituellement cités par le compilateur (Aristote, Pline l'Ancien, Isidore de Séville, Jacques de Vitry, ...) soient peu familiers de ces espèces, parmi lesquelles on retrouve la murène, le hareng et le moine de mer. C'est cette dernière espèce que nous étudierons en détail, en prenant pour point de comparaison le chapitre sur le crabe, espèce quant à elle très commune et bien connue des sources habituelles du compilateur. Cette analyse comparative des chapitres sur le crabe et le moine de mer abordera la question des sources à disposition et effectivement utilisées par Thomas de Cantimpré, la question du type de contenus disponibles et privilégiés par le compilateur et, finalement, la question de la postérité des informations fournies par Thomas de Cantimpré au sein de compilations ultérieures, à savoir le Speculum naturale de Vincent de Beauvais (entre 1246 et 1263) et l'Hortus sanitatis (fin du XVe siècle)